UNIVERSITY OF PENNSYLVANIA - AFRICAN STUDIES CENTER
"Telematique1 et reseaux informatiques.."

"Telematique1 et reseaux informatiques.."

VERS UN NOUVEAU PARADIGME POUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

Télématique[1] et réseaux informatiques - des outils pour le développement durable

des régions et des pays ruraux et "éloignés"?

Johan Ernberg

Union internationale des télécommunications

Résumé

Le présent document se propose d'étudier les besoins de télécommunication et de techniques de l'information dans les pays en développement, notamment dans les zones rurales et éloignées, de recenser les obstacles et d'examiner les méthodes et les moyens permettant d'accélérer le développement. Il conclut que les pays en développement ont besoin dès à présent de services télématiques évolués, pour accroître l'efficacité de leurs services publics, notamment en matière d'enseignement et de soins de santé. En outre, de tels services fourniraient à leurs petites et moyennes entreprises les outils qui leur sont nécessaires pour faire face à la concurrence dans l'économie mondiale et ils permettraient aux organismes d'Etat comme aux instituts universitaires et de recherche de bénéficier de la masse d'informations, de l'enseignement, des ressources des bibliothèques et des "réseaux du savoir" qui sont déjà accessibles par l'intermédiaire des réseaux d'ordinateurs. Les télécommunications rurales doivent consister d'abord en services téléphoniques, mais on s'efforcera de démontrer ci-après que l'accès aux services télématiques constituerait un avantage supplémentaire considérable. En effet, outre qu'ils donneraient aux responsables des communautés rurales, aux entrepreneurs, aux écoles et aux dispensaires accès à la masse sans cesse enrichie des ressources obtenues en direct, les services télématiques évolués permettraient aux entreprises urbaines d'établir des "bureaux virtuels" pour des "télétravailleurs" dans les zones éloignées. Tout cela contribuera à inverser l'exode rural vers les grandes villes et à réduire les déplacements des personnes.

De plus, ces outils sont également nécessaires dans les zones rurales et éloignées où réside la plus grande partie de la population, dans le cadre du nouveau paradigme concernant la coopération internationale pour un développement durable qui dépend plus de la création de réseaux mondiaux en collaboration que d'une assistance technique classique limitée dans le temps et dans l'espace. Les zones rurales et éloignées ont besoin de services correspondant à ceux qui sont offerts dans les villes, cela pour compenser leur isolement géographique et culturel. C'est à ce prix que la communauté mondiale jouira pleinement des possibilités qu'offrent les télécommunications en tant qu'outil de développement durable et pour le développement des ressources et des immenses marchés potentiels que représentent les populations rurales des pays en développement.

La distinction entre pays "en développement" et pays "développés" occulte le fait que la quasi-totalité des pays éprouvent les mêmes difficultés pour assurer des services publics et des possibilités d'emploi aux groupes appauvris et socialement isolés, même si beaucoup de pays en développement, en tant que tels, sont essentiellement "ruraux et isolés". C'est pourquoi bien des programmes télématiques et de recherche et développement axés sur un développement régional équilibré au sein des pays industriels peuvent s'appliquer à des zones rurales, ainsi qu'aux zones urbaines défavorisées dans les pays en développement. De plus, ces pays, pour autant qu'ils disposent d'une infrastructure de télécommunication suffisante, pourraient tirer profit, pour un coût marginal, des produits et des ressources télématiques issus de ces programmes.

Dans un proche avenir, il sera possible, grâce aux nouvelles techniques, de fournir au grand public, même dans les zones rurales et éloignées, un accès aux réseaux et aux services de télécommunication évolués à un prix bien inférieur à ce qu'il est aujourd'hui. Cependant, une prise de conscience insuffisante des avantages qu'offrent les services télématiques évolués et des aptitudes insuffisantes à les utiliser constituent des obstacles évidents qu'il convient de surmonter. Une tarification et des coûts d'équipements trop élevés sont également des obstacles importants à l'accès aux services télématiques. Pour supprimer ces derniers obstacles ou en atténuer les effets, on peut adopter une politique appropriée en matière de tarification, d'accès aux marchés, etc. Néanmoins, très peu d'individus peuvent, dans les zones isolées, acquitter le prix des services informatiques et des services télématiques évolués, même en cas de subventionnement des tarifs. On peut donc conclure que ces installations et ces moyens doivent être, du moins dans un premier temps, partagés par l'ensemble des membres de la communauté.

Des télécentres communautaires, encore appelés "chalets électroniques", dotés d'installations et de moyens informatiques et télématiques et utilisés en partage par une communauté ont été mis en place avec succès dans des zones éloignées de pays industriels et de quelques pays en développement. Les télécentres communautaires représentent sans doute le moyen le plus économique et le plus rationnel pour faire bénéficier les populations des zones rurales et isolées des pays en développement de ces services évolués. Cette solution semble être intéressante à la fois pour les gouvernements et pour le secteur privé, condition préalable à l'obtention des investissements nécessaires. Mais la faisabilité de ce concept dans des pays ayant des niveaux de développement différents reste à démontrer dans la pratique. En effet, les techniques, la politique tarifaire et les options de financement ainsi que l'organisation doivent être vérifiées et il convient d'évaluer les répercussions des télécentres communautaires sur le développement de la communauté, afin que les planificateurs nationaux et les fournisseurs de produits et de services informatiques et de télécommunication disposent d'une base plus solide pour mettre au point des stratégies de télécommunication rurales.

Cependant, les télécentres ne peuvent pas à eux seuls résoudre les problèmes des populations rurales des pays pauvres. Les télécentres doivent être intégrés dans les projets de développement communautaire, en vue du développement économique, social et culturel des régions rurales. Cela exige une étroite collaboration de tous les secteurs gouvernementaux et des organisations internationales et non gouvernementales ainsi qu'entre les fournisseurs de matériels et les fournisseurs de services de télécommunication.

VERS UN NOUVEAU PARADIGME POUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

Télématique et réseaux informatiques - des outils pour le développement durable

des régions et des pays ruraux et "éloignés"?

Johan Ernberg

Union internationale des télécommunications

Des télécommunications pour un développement durable

Quelques statistiques

Si l'accès à un téléphone va de soi dans le monde industrialisé, un téléphone est encore un luxe, et encore quand il est disponible pour le grand public, dans la plupart des pays en développement. Ainsi, au début de 1993, les économies à forts revenus qui représentent 15% de la population mondiale possédaient 71% des lignes téléphoniques du monde. La disparité entre pays riches et pays pauvres en matière de télédensité (nombre de lignes téléphoniques par 100 habitants) a peu varié au cours des dix dernières années. Certains avancent même que le fossé s'élargit, du moins en ce qui concerne la qualité et l'accès aux services évolués [21].

Dans la plupart des pays en développement, la grande majorité de la population habite toujours dans les zones rurales[2]. Et pourtant, la télédensité dans les zones rurales dans ces pays est, par rapport aux zones urbaines, près de 10 fois moindre. En général, plus de 75% des localités rurales n'ont aucun accès aux télécommunications, même pas au service téléphonique de base. Les investissements nécessaires pour parvenir à une télédensité moyenne de 1% seulement dans les zones rurales des pays en développement représentent un marché de centaines de milliards de dollars E.-U.

Un monde unique, ou plusieurs mondes?

La distinction entre nations "en développement" et nations "développées" prête toutefois un peu à confusion et tend à perpétuer l'image d'un monde composé d'un seul groupe de pays "donateurs" riches et d'un autre groupe plus nombreux, de pays bénéficiaires pauvres et passifs. En fait, certains pays dits "en développement", notamment dans les régions Asie-Pacifique et d'Amérique latine rattrapent rapidement les pays dits "développés". Ces économies naissantes surenchérissent en matière de technologie. Certains d'entre eux mettent, par exemple, sur pied des réseaux de télécommunication qui peuvent offrir des services plus évolués que certains réseaux existant dans les zones rurales et éloignées de pays "développés". A l'autre extrémité de l'échelle, beaucoup des pays les plus pauvres, en particulier en Afrique, sont, en tant que tels essentiellement ruraux et "éloignés" aux points de vue géopolitique et économique. En même temps, dans les pays industriels, les problèmes d'exclusion et d'isolement aux points de vue social, économique et géographique sont en augmentation, ce qui est dû en partie au contexte mondial d'une concurrence croissante. Et que dire des pays de l'ancienne Union soviétique; s'agit-il de pays "en développement" ou "développés"?

En divisant le monde en pays "développés" et "en développement", on ne tient pas compte du fait qu'il existe aussi dans la plupart des pays pauvres des groupes de personnes riches qui font partie d'une catégorie mondiale de personnes ayant le même niveau de vie, des intérêts économiques communs et souvent des bases d'éducation identiques. L'éloignement géographique ne soulève pas, pour ces personnes, de difficultés de communication ou de rencontre. En revanche, les groupes géographiquement et socialement isolés et appauvris, qui existent aussi dans les pays industriels, ne communiquent pas en général et ne rencontrent personne en dehors de leur voisinage immédiat. Les problèmes que posent l'éducation, les soins de santé et la création de possibilités d'emploi pour de tels groupes isolés sont donc universels, même si leur acuité varie grandement selon les pays.

En définitive, on peut s'interroger sur le concept même de "nation", qui a parfois résulté de l'établissement arbitraire de frontière sur une carte, dans le contexte mondial actuellement en pleine mutation. La plupart des gouvernements ne possèdent pas une puissance économique comparable à celle des grandes sociétés multinationales et ne sont pas en mesure de contrôler le flux mondial des capitaux, qui affecte souvent le développement des nations davantage que les décisions politiques.

Dans ces conditions, les problèmes auxquels les nations "développées" doivent faire face, ne diffèrent pas tellement de ceux qui se posent aux pays "en développement", de sorte qu'une coopération (et une concurrence) plus équitables seraient bénéfiques pour les deux types de nations. En particulier, beaucoup de programmes télématiques et de R&D visant à un développement régional équilibré dans les pays industriels peuvent s'appliquer aux zones rurales et aux zones urbaines défavorisées des pays à faible revenu. Pour autant qu'ils disposent d'une infrastructure de télécommunication suffisante, les pays pauvres peuvent bénéficier, à un coût marginal, des produits et des ressources télématiques issus de ces programmes, notamment des programmes de téléenseignement et de soins de santé à distance (voir l'encadré de la page 10).

Les télécommunications sont-elles un luxe dont on peut se passer?

Une personne affamée, sans foyer ou malade demande-t-elle un téléphone? Evidemment non, elle demandera de la nourriture, un abri et des médicaments. La satisfaction de ces besoins fondamentaux constitue naturellement une priorité et peu de gouvernements des pays pauvres, qui sont confrontés à peu près en permanence à des situations de crise, considèrent que le développement des télécommunications dans les zones rurales puisse entrer dans le cadre de leurs préoccupations. Or, la fourniture en temps opportun de vivres, de médicaments et de soins de santé, notamment lors des opérations de sauvetage et de secours lors de catastrophes dépend beaucoup de la possibilité pour les sauveteurs de disposer de télécommunications.

La transmission dans les foyers d'images montrant des personnes affamées, malades ou mourantes dans les pays pauvres constitue un moyen très efficace pour inciter les responsables politiques et les simples citoyens des pays riches à contribuer à une assistance humanitaire. Mais, la télévision, pas plus que les autres moyens de grande information, ne pourrait mener à bien son importante mission de formation de l'opinion publique et de mobilisation des ressources pour fournir une assistance sans faire appel aux télécommunications. Bien plus, dans bien des cas, des applications de télécommunication dans les domaines de la télédétection, de la télémesure, de la météorologie et de l'alerte lointaine pourraient prévenir les souffrances humaines causées par des catastrophes naturelles ou à tout le moins les atténuer.

L'assistance humanitaire, si elle est nécessaire, n'est qu'un remède à court terme qui n'améliore pas les conditions de vie des pauvres dans une perspective plus lointaine. Aujourd'hui, la nécessité d'un développement durable et écologiquement favorable et d'une répartition plus équitable des ressources mondiales est universellement reconnue et l'exode, qui s'accélère, des pays pauvres vers les pays riches, rend cette nécessité encore plus évidente pour la population des pays riches.

L'importance vitale des télécommunications pour le développement économique, social et culturel est clairement établie. Les télécommunications jouent un rôle capital dans la société de l'information actuelle. Elles représentent avec l'informatique plus de 5% du PNB au niveau mondial et beaucoup plus dans les pays industriels. Ce secteur dynamique suscite de nouvelles occasions d'affaires et crée de nouveaux emplois, en particulier dans les zones rurales et éloignées. Ainsi, en 1992, le seul marché mondial des télécommunications (équipements et services) a représenté 535 milliards de dollars E.-U. Les recettes des services de télécommunication dans les 22 pays de l'OCDE ont totalisé en 1991 326 milliards de dollars E.-U., contre 229 milliards en 1990 [21]. Bien que depuis quelques années beaucoup de grands exploitants et fabricants de matériels de télécommunication aient fortement réduit leurs effectifs, il existe à présent aux Etats-Unis davantage d'emplois dans le secteur de l'information (logiciels, traitement des données et consultation de l'information) que dans celui de la production de véhicules et d'équipements automobiles[3]. Faut-il en déduire que les "autoroutes de l'information" deviennent peu à peu un élément de l'infrastructure plus important que les autoroutes ordinaires?

On reconnaît généralement que le simple fait d'alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce entre pays en développement et pays développés aurait pour résultat de transférer beaucoup plus de ressources des pays riches aux pays pauvres que tout l'argent consacré à l'aide publique au développement[4]. Le récent accord du GATT a fait quelques progrès pour éliminer les barrières commerciales et la nouvelle Organisation mondiale du commerce poursuivra certainement cet objectif. Mais un commerce véritablement mondial est inconcevable sans l'existence de télécommunications suffisantes également dans le monde "éloigné" et rural, alors que la prolifération de l'informatique et la multiplication des réseaux ont modifié les règles des affaires dans les pays industriels.

On pourrait objecter que des gens vivent sans télécommunications depuis des milliers d'années et mettre ainsi en doute l'utilité des services informatiques et des services de télécommunication évolués pour des villageois souvent illettrés dans les pays en développement. En arguant notamment du fait qu'ils n'ont pas, la plupart du temps, les moyens d'acquitter le prix réel de ces services.

Les innovations ont souvent, dans le passé, rencontré une résistance de la part de l'élite qui est la première à profiter des nouvelles techniques mais qui ne voit pas la nécessité d'en faire bénéficier à des prix abordables des gens ordinaires "qui n'y sont pas préparés et qui n'en ont nul besoin". Les constructeurs sont bien sûr désireux d'étendre leurs marchés mais ils ne sont en général pas désireux, ou pas en mesure d'absorber les pertes initiales sur de longues périodes. Dans ces conditions, la diffusion de nouvelles techniques à des couches de population défavorisées s'est souvent accompagnée de subventions gouvernementales ou provenant de fondations philanthropiques. Ainsi, dans les pays industriels, les télécommunications rurales n'ont pu se développer que grâce à d'importantes subventions, sous forme de subventions croisées ou de prêts spéciaux à faible taux d'intérêt, ce qui est le cas par exemple du prêt fourni au titre du Programme d'électrification rurale aux Etats-Unis[5]. Cependant, cela a énormément contribué au développement social et économique des zones rurales et éloignées et, dans bien des cas, à celui de nouveaux marchés rémunérateurs pour les fournisseurs d'équipements et de services de télécommunication.

Il est clair que les pays et les régions en développement, qui sont incapables de suivre le formidable développement de l'information et des télécommunications n'ont pas fait beaucoup de progrès[6]. Et même, leurs conditions de vie se sont dégradées dans bien des cas, pour partie en raison des difficultés qu'ils rencontrent pour faire face, sans l'aide de l'informatique et de la télématique, à la concurrence qui règne dans une économie en voie de mondialisation totale. A l'heure actuelle, une croissance démographique accélérée, l'extension rapide des épidémies, les conflits armés aux niveaux régional et local et la concurrence mondiale font peser une menace sur la survie même de peuples et de nations dépourvus d'accès à des services de télécommunication adéquats. Avec le développement rapide de l'informatique et des télécommunications dans les pays industriels, les pays en développement risquent de prendre encore plus de retard alors que, paradoxalement, c'est dans le secteur des services à forte proportion d'information que les pays en développement pourraient concurrencer avec succès les pays développés. La preuve en est fournie, par exemple, par le nombre croissant d'emplois de traitement de l'information que les sociétés transnationales transfèrent aux pays en développement[7], mais, il faut le noter, seulement dans les localités où des télécommunications suffisantes sont disponibles!

Bien entendu, il faut adapter les investissements pour le développement des télécommunications aux besoins d'investissements pour d'autres éléments de l'infrastructure, qu'il s'agisse des routes, des chemins de fer, de l'adduction d'eau ou de l'électrification. Pour ce faire, il faut se souvenir que l'information est une ressource non seulement non polluante et renouvelable, mais encore en constante augmentation. Aujourd'hui l'information se développe à un rythme exponentiel: des contacts instantanés entre des millions de gens par l'intermédiaire de réseaux d'ordinateurs suscitent des réactions en chaîne qui rappellent les réactions nucléaires. L'accès à cette ressource mondiale devient l'élément moteur du développement, dont l'importance est aussi grande que l'accès aux routes et à l'énergie électrique. L'informatique et les réseaux mondiaux de télécommunication et d'ordinateurs auront sur la société un impact identique, sinon plus grand, que l'invention de l'électricité. Dans le monde riche, il sera bientôt aussi (voire plus) économique d'appuyer sur une touche pour accéder à la ressource d'information mondiale quand on cherche un renseignement ou quand on désire échanger ses connaissances avec quelqu'un que d'appuyer aujourd'hui sur un commutateur (à condition d'habiter dans les pays industriels) pour se raser ou pour passer l'aspirateur dans son appartement. Bien plus, on peut considérer que les télécommunications constituent l'infrastructure de l'infrastructure, du fait qu'elles fournissent des outils pour le développement et pour l'utilisation efficiente des autres éléments de l'infrastructure.

Les besoins de télécommunication des grandes villes dans les pays en développement

Dans les zones urbaines existent en général de longues listes d'attente[8] de personnes désirant un téléphone, surtout pour des raisons commerciales, sociales ou de sécurité. Il y a en outre un vaste marché potentiel pour les services télématiques évolués.

Les grandes sociétés nationales et transnationales, y compris les banques, ayant des installations dans les pays en développement sont bien entendu tout à fait conscientes de la valeur stratégique de la télématique et elles ont les moyens de constituer ou de louer leurs propres réseaux. En revanche, les petites entreprises et les établissements publics, même dans les grandes villes de nombreux pays en développement, ne sont que vaguement au courant des possibilités qu'offrent les services télématiques évolués et considèrent souvent qu'ils ont de la chance d'avoir déjà accès à un téléphone qui fonctionne.

L'efficacité de services publics, souvent insuffisants, qu'il s'agisse entre autres de l'enseignement, des soins de santé, de la sécurité, des transports et du traitement de l'information ou des archives et des statistiques générales, aurait tout à gagner à l'amélioration de l'accès aux services télématiques. En particulier, l'efficacité des services bancaires et des marchés financiers, qui sont si importants pour le développement, dépend beaucoup de la télématique. L'accès à des services télématiques évolués donnerait aux petites et moyennes entreprises (PME)[9] les outils dont elles ont besoin pour affronter la concurrence dans l'économie mondiale; il permettrait aussi aux établissements universitaires et aux instituts de recherche de bénéficier de la richesse de l'enseignement en ligne, des ressources des bibliothèques et des "réseaux des connaissances" déjà accessibles par l'intermédiaire des réseaux d'ordinateurs.

La présence d'un marché relativement vaste dans une zone peu étendue fait généralement de la fourniture de services de télécommunication dans les grandes villes une entreprise rémunératrice, même dans les pays en développement. Par conséquent, pour autant que soient adoptées des politiques appropriées, on pourrait s'attendre à ce que les investissements nécessaires suivent. Pourtant, pour promouvoir un large usage de la télématique, les gouvernements sont parfois obligés de subventionner les tarifs des usagers du secteur public (du moins au début) et des efforts considérables sont nécessaires pour former et assister les utilisateurs finals. Si l'on parvient à résoudre les problèmes de coût et à remédier à l'insuffisance des aptitudes, la fourniture de télécommunications contribuera presque automatiquement au développement social, culturel et économique, même si l'on n'a pas prévu que le développement des télécommunications fera partie intégrante d'un plan de développement plus général (bien que ce soit néanmoins parfois le cas).

Cependant, dans les pays en développement, les grandes villes sont d'ordinaire entourées de bidonvilles dépourvus de la moindre infrastructure, qu'il s'agisse d'installation communautaire de distribution d'eau, d'égouts ou d'électricité. Bien qu'elles ne soient pas géographiquement isolées, ces zones urbaines sont socialement isolées. Elles ont donc beaucoup de caractéristiques en commun avec les zones rurales et éloignées évoquées ci-dessous et partant, les mêmes besoins qu'elles.

Les besoins de télécommunication dans les zones rurales et éloignées

Dans les zones rurales des pays pauvres, les habitants ne ressentent pas, très probablement, le besoin de télécommunication, sauf pour des raisons sociales et dans les cas d'urgence, par exemple pour rester en contact avec des amis et des parents qui ont émigré vers des zones urbaines ou vers d'autres pays ou pour appeler la police ou le médecin.

Dans ces zones, les activités "économiques" (par exemple l'agriculture, la pêche, l'artisanat et l'exploitation forestière) sont le plus souvent immuables, c'est-à-dire qu'elles reposent sur des méthodes traditionnelles et sur les contacts personnels pour la conclusion des affaires, le besoin de télécommunication étant peu ressenti ou pas ressenti du tout.

Cependant, depuis plusieurs décennies, l'agriculture de subsistance a été dans bien des cas remplacée par des cultures de rapport (souvent moyennant une aide "charitable" d'organisations internationales). Des méthodes industrielles pour l'extraction des ressources naturelles ont été introduites dans certaines zones rurales, mais en raison d'une automatisation croissante, le nombre de nouveaux emplois créés n'est pas très élevé. Cela a accru chez certains villageois et entrepreneurs le besoin de télécommunication, mais il s'ensuit aussi que l'ensemble de la population rurale a de plus en plus de difficultés pour survivre à l'aide de ce qu'elle produit. Comme très peu de membres de cette population ont des emplois rémunérés, celle-ci n'a pas d'argent pour se procurer les produits de base, et encore moins les biens de consommation manufacturés. Cette économie de troc crée un cercle vicieux: pas de marché, pas d'investissements, pas d'emplois, pas d'argent, d'où pas de marché, etc.

La difficulté de survivre par l'agriculture de subsistance et l'absence d'autres possibilités d'emploi, auxquelles s'ajoutent les catastrophes naturelles et du fait de l'homme, comme les sécheresses et les guerres tribales expliquent en grande partie l'exode croissant vers les villes (ce qui crée une foule d'autres problèmes)[10]. Il existe évidemment d'autres motivations qui incitent la population des zones rurales à émigrer vers les grandes villes, comme l'absence de sécurité sociale, de soins de santé, d'enseignement et de distractions. Conscients du rôle que peuvent jouer les télécommunications pour améliorer cette situation, de nombreux gouvernements ont fixé des objectifs pour le développement des télécommunications rurales. Ces objectifs ont été, par le passé, fixés en vue de l'obtention d'une certaine télédensité (lignes d'abonné par 100 habitants) ou d'un accès au téléphone, en général une densité téléphonique de 0,5 à 1% ou la possibilité d'atteindre un téléphone après une heure de marche au maximum[11]. Mais cela suffit-il?

Le téléphone suffit-il?

En assurant l'accès à un téléphone installé dans une cabine téléphonique ou dans la boutique d'un village, on peut améliorer les soins de santé et la sécurité d'une communauté, voire y sauver des vies, grâce à l'alerte donnée à la police ou aux médecins dans les cas d'urgence. De plus, dans un village un téléphone permet aux villageois de rester en contact avec leurs amis et leurs parents qui ont émigré vers les villages et à l'étranger et il peut augmenter un peu le chiffre d'affaires des commerçants et des négociants locaux. Il peut aussi améliorer dans une certaine mesure l'efficacité des services ministériels, des institutions des Nations Unies et des organisations bilatérales et non gouvernementales qui s'occupent de projets de développement des communautés. Ainsi, la fourniture du téléphone peut à elle seule influer beaucoup sur le développement d'une communauté.

Cependant, comme nous le verrons, l'accès à des services télématiques évolués générerait une énorme valeur ajoutée; par ailleurs, si les habitants des zones rurales et éloignées ne sont en général pas au courant des services disponibles actuellement et s'ils n'ont pas les moyens d'en payer le prix selon les barèmes commerciaux actuels, cela ne signifie pas qu'ils n'en ont pas besoin.

Les activités économiques dans les zones rurales et éloignées

Les chefs d'entreprise, les coopératives comme les petites entreprises locales ont besoin de renseignements concernant l'état du marché, les prix courants et les prévisions de la demande pour leurs produits et services (par exemple produits agricoles, poissons et fruits de mer, artisanat, ressources naturelles, tourisme et transport). Il leur faut aussi atteindre les marchés et leurs clients potentiels pour leur fournir une information commerciale et communiquer avec ceux-ci et avec d'autres partenaires afin de conclure des accords, organiser les transports, etc. En outre, pour que des entreprises concurrentielles puissent se développer dans les zones rurales, il est nécessaire qu'elles puissent atteindre les services gouvernementaux, par exemple ceux qui sont chargés de l'enregistrement et de l'archivage des mutations de biens et des transactions, et accéder à une information opportune en matière d'impôts, de subventions, etc.

Les chefs d'entreprise et les salariés de ces petites entreprises et de ces coopératives dans des zones rurales et isolées auraient tout intérêt à obtenir des conseils et à bénéficier de l'expérience acquise par d'autres professionnels de la même branche d'activité, quand cela est nécessaire. De plus, le téléenseignement par le biais des télécommunications pourrait servir à assurer une formation professionnelle qui est indispensable pour améliorer la gestion et introduire de nouveaux concepts commerciaux, des méthodes de travail et les outils dont les nouvelles entreprises ont besoin pour démarrer et se développer [11, 24, 26, 29, 30, 33]. Des réseaux appartenant aux communautés et gérés par elles et fondés sur l'utilisation de messageries informatisées et de bulletins d'affichage ont fait la preuve de leur grande utilité pour susciter et entretenir une activité commerciale ou des initiatives sociales [6, 7, 8, 39].

Services publics et enseignement dans les zones rurales et éloignées

Les services publics comme l'enseignement, les soins de santé et la sécurité sociale n'existent quasiment pas dans les zones rurales de nombreux pays en développement et beaucoup de ces pays réduisent les crédits gouvernementaux affectés à ces services.

Dans le monde industriel, des techniques et des ressources nouvelles sont mises au point à un rythme sans cesse accru (voir l'encadré ci-dessous) à diverses fins: téléenseignement et formation au moyen de technologies, qu'il s'agisse de didacticiels multimédia, de dictionnaires ou de ressources de bibliothèques sur disque compact ROM et sur disque compact interactif, soins de santé à distance (réseaux de consultation distants). L'objectif consiste à mettre sur pied des banques mondiales ou régionales de ressources permettant à n'importe qui de consulter n'importe où des spécialistes, de trouver une information et d'apprendre ce qui lui est nécessaire, quand c'est nécessaire[12].

Mise en place d'une information mondiale et de ressources télématiques pour le               
téléenseignement, les télésoins de santé, le 
télétravail, etc. Les pouvoirs publics et le    
secteur privé des pays industriels favorisent la mise en oeuvre de nombreux programmes de    
R&D pour l'emploi de la télématique pour le téléenseignement ouvert 
adaptable et les soins   
de santé à distance et c'est l'une des priorités du programme de la Commission 
européenne    
pour la recherche en matière de télématique [13, 14, 16]. D'autres initiatives 
visant à      
faire bénéficier le monde en développement des ressources du 
téléenseignement et à les       
faire participer à leur mise au point ont été prises; c'est le cas des nombreux 
projets de   
téléenseignement de l'UNESCO, des récents efforts de la Banque mondiale pour 
appuyer des     
projets dans ce domaine, notamment en Russie [23, 25], du programme SHARE INTELSAT et de     
l'"Université mondiale" (GU/Etats-Unis). Vers la fin des années 70, l'UIT a mis au 
point     
son "Système international d'échanges pour la formation (ISS)" qui prend en compte un        
nombre croissant de didacticiels reposant sur la technologie et conçus par les               
organisations de télécommunication participantes par l'intermédiaire d'un 
réseau auxquels    
collaborent des pays développés et des pays en développement. En 1988, l'UIT 
a en outre      
parrainé un programme de téléenseignement pour la gestion des projets, programme 
fourni à    
plusieurs organisations de télécommunication d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine 
et des     
Caraïbes, en collaboration avec Telecom/Telematique International [11]. Le Programme         
Ndeg. 2 du "Plan d'action de Buenos Aires" compte au nombre de ses principaux objectifs la   
promotion d'une coopération mondiale pour la mise au point et la fourniture du               
téléenseignement [20].                                                                       
Les télécommunications sont un outil indispensable si l'on veut profiter de ces ressources et de tous les services et activités précités. Le service téléphonique de base est utile, comme indiqué plus haut, mais il est infiniment plus utile d'avoir accès à des services évolués, qu'il s'agisse de la télécopie, du courrier électronique ou de l'échange de documents informatisés, ainsi qu'à des tableaux d'affichage, à des messageries informatisées, à des bases de données et enfin à des liaisons vidéo bidirectionnelles et à des ressources multimédia.

La radiodiffusion sonore et télévisuelle, comprenant les stations de radiodiffusion locales appartenant à des communautés et dirigées par elles offre également la possibilité de fournir des programmes d'enseignement et de formation à des zones isolées[13] (encore qu'ils soient moins efficaces que les programmes d'enseignement et de formation interactifs "Juste à temps"[12] qui peuvent être assurés au moyen de services télématiques évolués). La radiodiffusion donne aussi le moyen de promouvoir le développement culturel et des distractions pour les habitants des zones rurales isolées. C'est pourquoi la planification de l'infrastructure de la radiodiffusion devrait faire également partie d'un développement rural intégré.

Une coopération internationale pour un développement durable

Une coopération internationale efficace pour un développement durable, depuis le développement communautaire et la lutte contre l'extension des épidémies et de la toxicomanie jusqu'aux programmes de secours en cas de catastrophes et de surveillance mondiale de l'environnement [37, 40] dépend de l'existence d'infrastructures de télécommunication suffisantes dans les pays en développement.

Une coopération régionale et des programmes de grande ampleur pour le développement durable concernant, entre autres, de nouvelles méthodes de production d'énergie à partir de déchets et d'engrais biochimiques, la promotion de nouveaux schémas de consommation, etc. ont besoin d'outils, comme le courrier électronique et des messageries informatisées pour assurer un partage de l'expérience acquise et pour faire intervenir dans l'élaboration des décisions les responsables politiques des communautés et d'autres "groupes principaux"[14] qui serviront de cadre à un dialogue permanent à propos de questions d'intérêt général.

De même, les milliers d'initiatives en cours et nouvelles prises par des organisations non gouvernementales et par des particuliers qui s'occupent du développement des communautés tireraient un immense profit des possibilités que leur offrent ces outils pour mieux coordonner leurs efforts et pour créer de plus grandes synergies.

La mise en place de services télématiques évolués dans les zones rurales permettrait aux pouvoirs publics de disposer d'une information sans cesse actualisée au sujet du climat, des risques pour la santé; en outre, d'autres données relatives à l'environnement et au développement durable contenues dans des bases de données pourraient être accessibles pour les autorités et les organisations intéressées et pour des "programmes de veille mondiale". Cela faciliterait par exemple beaucoup la tâche complexe du système des Nations Unies consistant à coordonner tous les efforts de ses institutions et cela assurerait l'application des dispositions du point 21 de l'ordre du jour.

Les organismes de développement ne peuvent séjourner que temporairement dans les localités faisant l'objet des projets de développement communautaire. Il s'avère de plus en plus que l'accès aux connaissances techniques et aux "réseaux des connaissances" en cas de besoin est absolument indispensable pour assurer un développement durable une fois que le projet a inévitablement pris fin. Par conséquent, le paradigme pour une coopération internationale passe progressivement d'une dépendance à l'égard des projets traditionnels d'assistance technique limités dans le temps et dans l'espace à des réseaux de collaboration durables.

Les zones rurales n'ont pas moins besoin, mais au contraire davantage besoin de services télématiques évolués que les zones urbaines

Il peut apparaître inapproprié et trop compliqué d'introduire des ordinateurs et des services de télécommunication perfectionnés dans des communautés rurales dont les habitants continuent de vivre comme leurs ancêtres depuis des générations et ne reçoivent aucune éducation, même primaire. Cependant, si les zones rurales doivent rivaliser avec les grandes villes pour attirer des activités commerciales, sociales et culturelles, il importe d'assurer aux communautés rurales au moins les mêmes services que ceux dont bénéficie la population urbaine, et au même coût. On pourrait même soutenir que les communautés rurales ont besoin de meilleurs services que cette population, afin de compenser leur isolement géographique et la pénalisation qu'elles subissent du fait de leur éloignement des villes et des marchés (par exemple en matière de frais de transport).

Des avantages pour qui?

Ce sont probablement ceux qui disposent du pouvoir politique et économique, par exemple les grandes sociétés nationales et transnationales, les riches chefs d'entreprise et propriétaires terriens, les chefs de village et autres qui profiteront les premiers de l'accès à l'informatique évoluée et aux télécommunications de pointe. Le risque existe toujours que cela contribue à élargir le fossé entre possédants et démunis. Mais de nombreux économistes considèrent qu'une concurrence et une rentabilité accrue des entreprises locales créera des emplois nouveaux et mieux payés, ce qui profitera en définitive à toute la nation et améliorera le niveau de vie de toute la population. Néanmoins, cela dépendra de l'existence d'une politique, d'une réglementation et d'un cadre juridique appropriés pour assurer une redistribution équitable de la richesse et un "accès universel" aux télécommunications. Un "accès universel" à l'information et aux réseaux donnerait un plus grand pouvoir aux simples citoyens car ils pourraient, par le biais de ces réseaux, participer à des groupes d'action informels inspirés par les utilisateurs et à des structures de prises de décisions qui ne dépendent de personne et qui ne tiennent pas compte des hiérarchies. A plus long terme, cela pourrait modifier complètement le rôle des politiciens et accroître les caractéristiques démocratiques.

Les obstacles

Le plus gros obstacle à la fourniture des télécommunications sur une grande échelle dans les zones rurales et éloignées n'est pas l'absence de technologie ou le manque d'argent. En effet, s'il existe un espoir de marché rentable, les énormes investissements nécessaires pour établir les réseaux seront probablement disponibles, même si certains économistes prétendent que les capitaux se raréfient dans le monde. Il est vrai que le coût de la fourniture des télécommunications est plus élevé dans les zones rurales que dans les zones urbaines, mais de nouvelles techniques promettent de rendre les télécommunications rurales plus rentables dans un proche avenir (voir l'encadré ci-dessous). Cependant, il n'y a pas encore de marché qui puisse en supporter le coût et bien des pays devront changer de politique pour créer un climat plus propice aux investissements. L'accès aux "autoroutes de l'information" constitue donc actuellement un obstacle[15] qu'il faudra, et qu'on pourra surmonter au moyen de techniques nouvelles, pour autant qu'il existe un marché pour des services télématiques évolués.

De nouvelles technologies pour les communications rurales et éloignées augmenteront 
la       
capacité et réduiront les coûts Les nouvelles techniques, comme les 
systèmes de              
radiocommunications (personnelles) numériques et mobiles cellulaires faciliteront et         
accéléreront l'accès aux réseaux mondiaux, et certaines études 
indiquent que les             
télécommunications pourraient être rentables, surtout si le trafic est 
considéré dans son    
ensemble et si l'on tient compte aussi des recettes provenant des communications à           
l'arrivée [2]. L'apparition de systèmes à satellites mobiles sur orbite basse 
assurant une   
couverture mondiale, comme le réseau IRIDIUM se traduira peut-être par une 
réduction         
sensible du coût des communications dans les zones éloignées d'ici à la fin 
du siècle. Par   
exemple, Globalstar prévoit d'offrir des télécommunications au prix de 
30 cents la minute    
seulement pour un équipement terminal coûtant 750 dollars E.-U. Et on 
prévoit, avec la       
prochaine génération de systèmes de télécommunication à 
satellites, des réductions de prix   
encore plus spectaculaires. Ainsi, Teledesic, nouvellement constitué, envisage pour une      
voie de base un coût de 4 cents la minute et pour un terminal fonctionnant à 
64 kbits/s un   
prix de raccordement de 1 000 dollars E.-U. seulement16. Néanmoins, il reste aux             
utilisateurs potentiels à acquérir les compétences et l'aptitude à 
rentabiliser ces          
services pour pouvoir payer la facture.                                                      
En plus des réseaux classiques en câble et à hyperfréquences, les 
techniques suivantes       
sont actuellement disponibles pour les télécommunications rurales: les systèmes 
de           
communication par satellite (microstations, systèmes de communication mobiles par            
satellite, satellites nationaux, etc.), les systèmes de radiocommunications cellulaires      
mobiles et fixes17 et les systèmes sous-marins à fibre optique18. De petites stations        
terriennes mobiles, comme celles que fournit INMARSAT, assurent un accès immédiat aux        
services télématiques dans les zones éloignées. Les organes de commutation 
distants et les   
systèmes numériques de multiplexage d'abonnés augmentent la couverture des 
commutateurs      
locaux et l'alimentation par cellules solaires permet d'établir des 
télécommunications       
même dans des localités n'ayant pas l'électricité. Les techniques 
d'amélioration de          
l'utilisation du spectre des fréquences (par exemple les techniques de compression           
numérique) et les protocoles d'accès (par exemple AMRT, AMDC) contribueront à 
accroître la   
disponibilité des voies dans les systèmes de radiocommunications et à 
réduire le coût par    
voie. Enfin, le recours aux câbles à fibre optique et aux publiphones sans fil à 
carte       
élimine les problèmes que posent les vols de câbles de publiphones et de 
câbles              
métalliques, qui se produisent souvent dans les zones rurales et isolées.                    
Cependant, comme indiqué plus haut, les populations des zones rurales des pays pauvres ne connaissent absolument pas les services de télécommunication évolués disponibles aujourd'hui, ni les avantages qu'offre le recours à ces services (comme d'ailleurs beaucoup de gens dans les zones rurales des pays industriels [39]). Les autres obstacles majeurs sont le manque de compétences techniques pour l'emploi de ces services et l'absence d'assistance aux utilisateurs. Dans ces conditions, la fourniture de services de télécommunication à quelques clients isolés dans les zones rurales présentera relativement peu d'intérêt commercialement pendant un certain temps encore, qu'il s'agisse de services de base ou, à plus forte raison, de services évolués.

Il semble actuellement que la concentration des services à un point central d'une communauté constitue le seul moyen réaliste (et le plus économique) pour fournir tant des services de télécommunication et télématiques évolués que l'appui nécessaire aux utilisateurs dans les zones rurales isolées.

Même si l'activité d'un tel centre sera initialement limitée, dans bien des cas, aux services téléphoniques ordinaires, voire à la télécopie, il sera vraiment nécessaire de prévoir des services plus perfectionnés, comme indiqué ci-dessus. Il importe aussi d'envisager comment ces besoins pourront être satisfaits compte tenu des souhaits des responsables gouvernementaux dans différents secteurs professionnels et des impératifs des fournisseurs d'équipements et de services de télécommunication. Ces derniers n'apporteront sans doute leur concours que pour autant que la solution envisagée laissera présager l'émergence de marchés nouveaux et rentables à plus longue échéance.

La notion de télécentre communautaire répond à ces préoccupations [8, 9, 10, 17, 24, 28, 31 et 38].

Télécentres communautaires: une solution viable à moyen terme?

Un télécentre communautaire, ou "téléchalet", est avant tout une installation communale desservant une région rurale de 5 000 à 10 000 habitants et située[19] dans un village central de la région. Le télécentre donne accès aux services de télécommunication et informatiques, qui répondent aux besoins de la communauté locale. Cela signifie que cette installation pourra offrir seulement, à une extrémité de l'échelle, des services téléphoniques ordinaires[20], alors qu'à l'autre extrémité elle pourra être équipée de services de visioconférence bidirectionnels et de matériels et de logiciels multimédia. Dès qu'un service plus évolué que le téléphone est nécessaire, le télécentre doit également assurer la formation et l'appui nécessaires aux utilisateurs. Ainsi, dans certains cas, le télécentre pourrait n'être que le point d'accès aux services de base dans un village alors qu'il compléterait, dans d'autre cas, un réseau de télécommunication local.

Imaginons ce qu'un tel télécentre pourrait faire pour le développement durable des zones rurales et pour mettre les populations des zones éloignées en relation avec le reste du monde. Il pourrait servir au traitement des données, assurer l'accès aux bases de données (par exemple en matière d'information sur les marchés et les prix) et des communications avec les fournisseurs et les clients (par exemple pour le marketing et la négociation des affaires) pour les petites entreprises locales et les chefs d'entreprise. Une fois bien équipé, il pourrait aussi servir au "téléenseignement" (éducation à distance) et aux "télésoins de santé" (diagnostic et conseils médicaux à distance), ce qui permettrait aux habitants locaux d'acquérir de nouvelles compétences et d'obtenir des conseils médicaux quand c'est nécessaire. Les télécentres deviendront sans doute aussi des centres d'activités culturelles et sociales, notamment s'ils sont équipés de récepteurs de télévision et de radiophonie.

La fourniture de services télématiques évolués aux zones rurales pourrait contribuer à freiner l'exode rural, voire inverser cette tendance en permettant aux entreprises d'implanter une partie de leurs activités dans des zones jusque-là isolées. Le télécentre communautaire pourrait très bien fonctionner comme un bureau de "télétravail" éloigné, qui serait utilisé en partage par plusieurs sociétés installées dans les villes. Cela contribuerait à faire revenir des personnes qualifiées dans les zones rurales et à réduire les déplacements de personnes. Des personnes instruites et formées sont en effet nécessaires pour entretenir le processus de développement et de changement, une fois que les pouvoirs publics auront cessé de fournir l'appui nécessaire au développement communautaire.

On pourrait utiliser au besoin le télécentre communautaire, dans des zones géographiquement étendues et à population clairsemée, comme un centre local auquel pourraient être reliés les téléphones publics (et privés) disposés à des emplacements stratégiques de ces zones. On pourrait lui adjoindre des systèmes de radiomessagerie permettant d'aviser les villageois de l'arrivée des appels.

Cette solution a déjà fait l'objet d'essais réussis dans des zones rurales et isolées de nombreux pays développés, par exemple en Scandinavie, au Royaume-Uni, y compris au nord de l'Ecosse, en Irlande, en Australie, au Canada, au Japon et aux Etats-Unis[21]. La notion de "téléchalet" se développe régulièrement et des associations s'occupant de ces télécentres communautaires se constituent[22]. Ces associations et les différents télécentres forment un réseau d'appui mutuel grâce auquel les nouveaux télécentres qui sont mis sur pied dans le monde en développement[23] peuvent atteindre les populations qui rencontrent les mêmes problèmes et qui ont acquis une expérience des différents aspects du développement communautaire.

Les télécommunications ne sont que des outils pour le développement - pas une fin en soi!

On a vu qu'il existe dans les zones rurales et éloignées des besoins de télécommunication, mais il n'existe pas encore de "marché".

Il est clair que l'accès à des télécommunications perfectionnées a peu de sens si les gens n'ont pas l'usage de tels outils. Cela signifie que l'introduction des télécommunications dans les zones rurales doit intervenir dans le cadre d'un effort concerté de tous les secteurs gouvernementaux intéressés pour développer une communauté ou une région rurale, consistant par exemple:

* à favoriser et à diversifier les activités économiques locales, par exemple en facilitant la création de coopératives et de petites entreprises;

* à améliorer les conditions sociales, par exemple les soins de santé, la sécurité sociale, etc.;

* à améliorer l'accès à l'enseignement, à la formation professionnelle et à la culture.

Dans les zones rurales, le développement des télécommunications n'a une grande influence qu'à condition de s'intégrer dans une plus vaste entreprise de développement régional communautaire ou rural. Réciproquement, les projets de développement communautaire ont beaucoup plus de chances de réussir s'ils s'appuient sur des télécommunications appropriées.

Une coopération avec les organisations internationales, les ONG et les fournisseurs d'équipements et de services de télécommunication

Le développement d'une communauté incombe au premier chef à ses habitants et aux pouvoirs publics du pays. Cependant, un minimum de ressources et un "agent de changement" externe (au début) sont généralement nécessaires pour fournir à la communauté la capacité nécessaire pour "prendre son essor". Comme indiqué plus haut, la communauté internationale, y compris le secteur privé, ont de bonnes raisons pour aider à la réalisation de ce processus.

Les télécentres communautaires doivent par conséquent s'insérer dans le cadre d'un effort concerté de développement communautaire, en étroite collaboration avec les habitants de la communauté, les gouvernements intéressés, les organisations internationales et non gouvernementales pertinentes, ainsi qu'avec ceux qui ont des intérêts dans le secteur privé. Si les télécentres communautaires doivent être utilisés comme des centres de téléenseignement pour familiariser la population locale avec les techniques touchant aux activités d'une communauté rurale, il convient de demander une coopération et des contributions également aux nombreuses organisations et institutions qui s'occupent de la mise sur pied des ressources nécessaires pour le téléenseignement et une formation ouverte adaptables (OFDL).

Il est nécessaire d'assurer une formation aux utilisateurs finals des services télématiques

Les services reposant sur l'information n'exigent pas généralement de gros investissements et les informaticiens n'ont pas besoin de plusieurs années d'enseignement supérieur et/ou de formation professionnelle pour exécuter leurs tâches.

Il ne faut pas oublier que les utilisateurs de services télématiques évolués devront néanmoins subir une formation pour pouvoir faire fonctionner et utiliser les télécopieurs, les ordinateurs et d'autres équipements terminaux (voir l'encadré) et que certaines personnes doivent aussi apprendre à entretenir ces matériels. C'est un domaine dans lequel l'UIT pourrait fournir une assistance avec d'autres organisations comme l'UNESCO, l'Internet Society, l'International Development Research Centre (IDRC), le Commonwealth of Learning et CTSC International.

Un simple villageois peut-il apprendre à se servir de l'informatique et de la         
télématique? Bien des gens doutent que des villageois types, par exemple des          
agriculteurs ou des pêcheurs illettrés dans des pays en développement puissent        
apprendre à se servir d'outils informatiques et télématiques 
perfectionnés. Or,       
l'expérience montre que même des adultes et des enfants sans instruction apprennent   
à utiliser des outils modernes pour peu qu'ils en comprennent les avantages et        
qu'ils soient suffisamment motivés. L'essor rapide des calculateurs de poche          
électroniques dans le monde en développement en fournit un bon exemple. Tous ceux     
qui ont visité un marché de village dans ces pays ont vu les habitants utiliser de    
tels outils pour annoncer les prix et marchander, en particulier en cas de            
difficultés linguistiques. Les jeunes enfants qui ne savent pas encore lire ni        
écrire mais que motivent les jeux électroniques, apprennent très rapidement 
à         
manier les équipements et combien de parents n'ont pas demandé à leurs enfants de     
leur montrer le fonctionnement d'un magnétoscope d'un modèle nouveau. Les nouveaux    
programmes éducatifs multimédia faciles à utiliser permettront aussi à des 
gens       
totalement illettrés d'apprendre en désignant simplement les objets qui peuvent       
fournir l'information, par le seul biais de moyens audiovisuels. Les outils           
multimédia sont eux aussi très précieux pour apprendre à lire et à 
écrire ainsi       
qu'à parler des langues étrangères. La mise au point d'interfaces plus facile 
à       
utiliser progresse à présent très rapidement, de sorte que l'obstacle des             
compétences est peu à peu surmonté. A mesure que les gens apprennent les 
éléments     
de base, une formation et une aide supplémentaires seront également disponibles en    
direct.                                                                               
Conclusions

Nous sommes encore très loin de la situation idéale de coexistence pacifique entre les peuples de la Terre dans le "village planétaire". De fait, ce village ressemble davantage à une immense "mégalopole planétaire" dans laquelle les centres mondiaux opulents des activités politiques, économiques et culturelles sont peu à peu reliés par des "superautoroutes de l'information" qui surplombent les banlieues défavorisées et les bidonvilles pollués. Les personnes vivant dans des "poches" appauvries et isolées socialement ou géographiquement de ces centres peuvent tout au plus accéder au "tram de l'information" en traversant des chemins boueux et défoncés. Bien souvent, elles n'ont pas d'accès du tout.

On a peine à imaginer que le rêve d'un "village planétaire" se réalisera un jour, à moins que ne soit comblé le fossé en matière de développement des télécommunications.

En bref, les télécommunications et l'informatique sont fondées sur une technologie écologiquement saine et elles revêtent aujourd'hui une importance capitale pour un développement durable des nations et pour la coopération régionale et internationale. A notre époque de "mondialisation", nous pouvons espérer que les nations du monde industriel sont de plus en plus conscientes du fait que les problèmes du monde en développement les concernent réellement, au niveau mondial, tout autant, et presque de la même manière, que le développement des régions sous-développées de leurs propres pays les concerne au niveau national.

Etablir dès maintenant les plans du "village planétaire" - et ne pas se borner à en parler!

Pour combler le fossé, qui s'élargit rapidement, entre ceux qui disposent et ceux qui ne disposent pas de l'information, il convient de tout mettre en oeuvre pour augmenter les possibilités offertes aux pays pauvres pour utiliser ces nouveaux outils, afin qu'ils puissent en bénéficier et contribuer au développement vertigineux des ressources mondiales d'information, lesquelles sont proposées par l'intermédiaire de réseaux mondiaux gérés par des utilisateurs comme Internet et le World Wide Web.

Pour assurer à la nombreuse population rurale des pays en développement l'accès aux services de télécommunication de pointe et accroître son aptitude à employer des outils télématiques, ce qui constitue une tâche immense, il faudra d'énormes investissements et des efforts concertés de la part des pays intéressés, des organismes internationaux de développement et de financement, ainsi que du secteur privé. Des solutions novatrices doivent être trouvées, pour résoudre en particulier les problèmes que posent les possibilités d'accès et le niveau prohibitif des tarifs.

La population des régions rurales représente un marché potentiel énorme ainsi que des ressources potentielles, et leur développement offre de vastes horizons à toutes les parties en cause. On ne soulignera jamais assez qu'il est temps d'entreprendre quelque chose pour combler progressivement le fossé qui s'élargit rapidement entre ceux qui ont accès à la télématique et ceux qui n'y ont pas accès. Cela implique que soit planifiée dès à présent la mise en place de services de télécommunication dans les pays en développement, notamment dans leurs zones rurales où réside toujours la grande majorité de leur population. Les télécentres communautaires pourraient être un élément essentiel de ces plans, mais il s'agit d'un concept relativement nouveau qu'il y aura d'abord lieu d'expérimenter dans des pays parvenus à différents stades de développement.

Des télécentres communautaires sont actuellement mis en place sur une grande échelle dans quelques pays en développement, mais la faisabilité de ce concept dans des pays ayant atteint différents stades de développement reste à démontrer dans la pratique. Il faut d'abord en effet mettre à l'essai les techniques, la politique tarifaire, les solutions réglementaires et de financement ainsi que les structures organiques et évaluer l'influence des télécentres sur le développement communautaire avant de pouvoir donner aux planificateurs nationaux et aux fournisseurs de produits et de services informatiques et de télécommunication des éléments de base plus solides à partir desquels ils pourront prendre des décisions stratégiques concernant le développement des télécommunications rurales.

Un des objectifs du Plan d'action de Buenos Aires de l'UIT[24], le Programme Ndeg. 9 (Développement rural intégré) porte sur l'expérimentation et la démonstration de la viabilité des télécentres communautaires [20]. Le Plan d'action de Buenos Aires, qui comprend d'autres programmes complémentaires, comme le Programme Ndeg. 1 (Politiques, stratégies et financement), Ndeg. 2 (Gestion et développement des ressources humaines) et Ndeg. 12 (Développement de la télématique et des réseaux informatiques) fournit un cadre pour une coopération internationale coordonnée en matière de développement des télécommunications. Les organisations intéressées, y compris les fournisseurs d'équipements et de services de télécommunication souhaiteront sans doute envisager les meilleurs moyens pour mettre à profit les ressources spéciales émanant de l'UIT et voir comment elles peuvent contribuer à la réalisation des objectifs que fixe ce Plan d'action. L'UIT a un rôle important de stimulation et de coordination à jouer dans la mise en oeuvre de ce plan, mais on peut aussi considérer que les programmes visant au développement des télécommunications et de la télématique dans les zones rurales s'intègrent dans les programmes de développement plus généraux qu'exécutent d'autres organisations.

Références

[1] Canadian International Development Agency, CIDA (1994): Politique générale permettant d'atteindre les objectifs du développement rural en Amérique latine dans le contexte de la libéralisation*.

[2] Canadian International Development Agency, CIDA (1992): Rendre profitable les télécommunications rurales. Actes de la Conférence de développement régional d'Amérique, UIT, Acapulco, 1992 (UIT, Genève, 1992).

[3] Babcock Waldo C. & Polly Jean Armor (1994): Project GAIN - Connecting Rural Libraries to the Internet**.

[4] CCITT[25] (GAS 7, 1992): Télécommunications rurales, Volume I, Systèmes radioélectriques utilisés dans les zones rurales, UIT Genève.

[5] CCITT (GAS 7, 1992): Télécommunications rurales, Volume II, Commutation, RNIS, financement et utilisation des fibres optiques pour les réseaux ruraux, UIT Genève.

[6] Civille Richard (1994): Building Community Information Infrastructure: Universal Service for the Information age**.

[7] Cisler Steve (1994): Community Networks: Past and Present Thoughts**.

[8] Crelin Ian R. (1993): The Australian Experience - The Australian Government's Telecentre Programme***.

[9] Denbigh Alan (1993): UK Telecottages***.

[10] Engvall Lars (1993): Community Teleservice Centres for Developing Countries***.

[11] Ernberg Johan (1992): Third World Experience with Distance Learning: Problems and Opportunities****.

[12] Ernberg Johan (1989): Global Cooperation in Human Resources Management and Human Resources Development - The ITU/CODEVTEL International Sharing System (exposé présenté à une conférence de l'American Society for Performance Improvement, Denver, 1989).

[13] Commission européenne (DGXIII): Programme d'application de la télématique (1994-1998) - Projet de programme de travail.

[14] Forum de la Communauté européenne sur le télétravail/la télématique (ETCF, 1994): Vers un ordre du jour commun pour le "télétravail"*.

[15] Gil Gordon (1993): Teleworking in Rural Areas and Global Trends***.

[16] Hermat Corinne (1992): Distance Learning in the European Community - Delta Experiences****.

[17] Holloway Lilian (1993): Telecottages in Sweden: Co-operating for Local Development***.

[18] Indonésie (1994): Développement rural intégré grâce à des initiatives de développement des télécommunications*.

[19] Iam Chaiya-Ngam (1992): Distance training in Rural Regions: Experiences of Sukhotai Thammathiat Open University****.

[20] UIT/BDT (1994): Le Plan d'action de Buenos Aires pour le développement mondial des télécommunications (adopté par la CMDT/94).

Document PP-94/58 soumis à la Conférence de plénipotentiaires de l'UIT (Kyoto, 1994).

[21] UIT/BDT (1994): Rapport sur le développement des télécommunications mondiales, Genève, 1994.

[22] UIT/UNESCO: Le droit de communiquer - A quel prix - Obstacles économiques à l'utilisation efficace des télécommunications en matière d'éducation, de science et de culture et à la diffusion de l'information.

[23] Ivannikov, A. Johnson D., Miller J., Utsumi T. (1994): The Global (Electronic) University's Project to Compare and Evaluate Available Technologies: Learning Through Using*****.

[24] Kimel Kris (1994): Kentucky Rural Telecommuting Centres**.

[25] Knight Peter - (Banque mondiale, 1994): Education for all through Electronic Distance Education*****.

[26] Kroh Lars (1992): Distance Training in Northern Norway****.

[27] Labelle Huginette (CIDA, 1994): Telecommunications and Sustainable Development*.

[28] Lauronen Mirja (1993): Telehouses provide an answer to the social change in Finland***.

[29] Lundin Roy (1993): Telelearning in Australia***.

[30] Lupi J.J. & Viallion J.B. (1992): DELTA's Farmer project: Distance Training for Remote regions.

[31] MacDay Graham & Reeve Ian (University of New England Armidale, 1993): Telecentres - Australian experience, idées et information partagées lors d'un atelier de travail organisé par le Department of Primary Industries en Engery in Canberra, 1993.

[32] Minges Michael, UIT (1994): Asia-Pacific rural Telecommunications (exposé pour le sommet panasiatique des télécommunications rurales, Hong Kong, 24-26 octobre 1994 (non publié).

[33] Naidu Som (1993): Telelearning in the South Pacific***.

[34] Ramquist Lars (1994): Global Goals and Objectives for Telecommunication Development for the year 2000 and beyond*.

[35] Siochrú S.O., NEXUS Research Cooperative, Irlande (1993): Global Sustainability, Telecommunications and Science and Technology Policy - Un rapport pour le programme FAST, Commission des communautés européennes.

[36] SIP, Italie (1994): Health Care and Telecommunications*.

[37] Tunisie (1984): De Rio à Buenos Aires, ou le développement durable du rôle des télécommunications*.

[38] Qvortrup Lars (1994): Les centres de téléservices communautaires: Un atout pour le développement social, culturel et économique des communautés rurales et des agglomérations urbaines à faible revenu"*.

[39] Uncather William (1991): Rural Grassroots Telecommunications - Big Sky and its Community (publication en ligne 1991, disponible chez willard@well.sf.ca.us).

[40] Organisation météorologique mondiale (OMM, 1994): Télécommunications et environnement - Le système mondial de télécommunication (GMS)*.

_______________

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* A publier dans les actes de la Conférence mondiale de développement des télécommunications (CMDT-94), Buenos Aires, mars 1994.

** Exposés pour la Apple Library Conference "Ties Than Bind-Building Community Networks, Cupertino Californie, Etats-Unis, mai 1994 (présentés par Steve Cisler Apple Computer Library).

*** Actes de Telecottage 93 - International Symposium "Telecottages, Teleworking, Telelearning - Road to Rural Survival, novembre 1993, Gold Coast, Queensland, Australie.

**** Actes du colloque européen sur "les centres de téléservices communautaires: Formation et éducation dans les zones rurales, Athènes, avril 1992 (publiés par l'Université d'Odense, Danemark).

***** Actes de la première conférence internationale sur le téléenseignement en Russie "DISTANCE LEARNING AND NEW TECHNOLOGIES IN EDUCATION, Moscou, juillet 1994.


[1] L'association de l'informatique et des télécommunications sera souvent appelée télématique dans le présent document.

[2] Selon la Banque mondiale, 71% de la population du monde en développement vit dans des zones rurales.

[3] Voir Business Week - Numéro spécial sur la révolution de l'information, juillet 1992.

[4] L'aide publique au développement (APD) fournie sous forme de dons et de prêts souples se monte actuellement à près de 60-70 milliards de dollars E.-U. par an. Près de 10% de cette aide est acheminée par l'intermédiaire du système des Nations Unies.

[5] D'autres exemples de subventionnement des tarifs et de moyens pour réduire le coût des télécommunications sont donnés dans [22].

[6] On peut discuter du sens des mots "progrès" et "développement". Certains pensent avec nostalgie, dans les pays industriels, à l'époque où n'existait ni électricité, ni ordinateurs, ni téléphones et où les gens communiquaient face à face et non par le canal de machines ou de téléphones et se réunissaient le soir à la lueur d'une bougie pour jouer à divers jeux au lieu de regarder passivement la télévision. Or, quoi qu'on en pense, il faut aujourd'hui être riche pour se permettre de vivre sans énergie électrique et sans les outils informatiques et télématiques évolués qui sont nécessaires pour gagner sa vie et conserver le niveau de vie dont bénéficient à présent la plupart des habitants des pays industriels.

[7] Par exemple, de nombreuses sociétés de logiciels utilisent des programmeurs dans les pays en développement. Un autre exemple de transfert du traitement de l'information est fourni par Swissair qui a chargé l'Inde d'assurer toutes les opérations de réservation et de comptabilité de la compagnie.

[8] Près de 30 millions de demandes étaient en attente dans les pays à revenu moyen-inférieur et à faible revenu en 1992 et la durée moyenne d'attente était d'environ 2 ans [21].

[9] Par PME, on entend ici également les très petites "micro-entreprises".

[10] Par exemple: un taux élevé de criminalité, toxicomanie, dangers pour la santé et dégradation de l'environnement.

[11] Bien des pays en développement ont solennellement adopté des objectifs ambitieux consistant par exemple à fournir au moins une ligne téléphonique à chaque localité rurale importante et certains ont fait des progrès spectaculaires dans ce domaine. Mais, d'une manière générale, les objectifs de télédensité ou d'accès au téléphone n'ont pas été atteints.

[12] L'enseignement et la formation auxquels on peut accéder par l'intermédiaire des télécommunications ou de logiciels multimédia depuis le poste de travail, le domicile ou un centre de téléenseignement en cas de besoin sont parfois appelés enseignement et formation "Juste à temps".

[13] Des universités ouvertes ont été établies et d'autres sont en cours d'établissement dans plusieurs régions en développement [19].

[14] Les autres "principaux groupes" évoqués au point 21 de l'ordre du jour adopté par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, Rio de Janeiro, 1992 sont: les femmes, les jeunes gens, les peuples indigènes, les ONG, les travailleurs et les syndicats, le commerce et l'industrie, la communauté scientifique et technologique et les agriculteurs.

[15] Dans certains pays, cet accès est refusé pour des raisons politiques ou par crainte d'un "développement incontrôlé". Là encore, l'UIT pourrait contribuer à rendre les responsables conscients de la nécessité et des avantages de la liberté d'accès aux services télématiques évolués.

[16] Voir le Supplément technique du magazine Forbes, 1994.

[17] Des câbles à fibre optique attachés aux lignes électriques existantes représentent une solution intéressante dans certains cas.

[18] Le moyen le plus économique pour les villages et les petites villes désirant, le cas échéant, accéder aux réseaux à large bande consiste à se connecter à des systèmes sous-marins à fibre optique.

[19] Le télécentre pourrait être installé par exemple dans (l'ancien) bureau de poste ou télégraphique, dans l'école, dans le magasin local ou dans tout autre bâtiment utilisé pour des activités communales. On pourrait aussi en établir dans des zones urbaines défavorisées où ils joueraient le même rôle.

[20] Si seul le téléphone ordinaire est nécessaire au début, le télécentre devrait quand même toujours être agencé de telle sorte qu'il puisse étendre ses services à la télématique évoluée de manière souple, le moment venu.

[21] Si les centres de "téléenseignement" et de "télétravail" sont également considérés comme des télécentres communautaires, il en existe à présent des milliers qui fonctionnent dans ces pays.

[22] Il existe aussi au moins une association internationale "Community TeleService Centre (CTSC) International". Cette organisation non gouvernementale a notamment pour objet de favoriser une coopération entre les associations nationales et les différents télécentres communautaires.

[23] Le Brésil a récemment établi plusieurs télécentres dans de petites villes et il prévoit d'en implanter des centaines dans tout le pays. Le Costa Rica fournit un autre exemple de pays en développement qui envisage l'installation de télécentres à grande échelle.

[24] Le Plan d'action de Buenos Aires a été adopté par la Conférence mondiale de développement des télécommunications (CMDT-94), Buenos Aires, mars 1994 [20].

[25] A présent UIT-T.


Editor: Dr. Ali B. Ali-Dinar, Ph.D.
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